Lexique: Nihilisme

Lexique: Nihilisme

 

Dérivé du latin nihil, qui signifie -rien-, le nihilisme est une doctrine considérant qu’il n’est rien de ce qui existe qui puisse être dit absolu. Pour Nietzsche, ce terme désigne la nécessité de nier et de destituer les valeurs reconnues.

Le sophiste Gorgias fut l’un des premiers philosophes à avoir développé des thèses nihilistes. Celles-ci pouvaient se résumer en trois points dont certains seront repris par les sceptiques :

1) Rien n’existe ;

2) Si quelque chose existe, ce quelque chose ne saurait être appréhendé et encore moins connu par l’homme ;

3) Même s’il l’était, son appréhension ne serait pas communicable à Autrui.

 

Le caractère progressif voire contradictoire des concessions accordées d’une proposition à l’autre témoigne de la nature rhétorique d’une telle argumentation. C’est en abordant la question des valeurs et plus encore celle de leur destitution que se révèle le sens le plus profond du nihilisme, celui que Nietzsche lui a donné.

Dans un texte célèbre, il annonce “la mort de Dieu”, mort dont nous serions nous-mêmes les exécuteurs :

“C’est nous, nous tous, qui sommes ses assassins ! Mais comment avons-nous fait cela ? La grandeur de cet acte est trop grande pour nous. Ne faut-il pas devenir Dieux nous-mêmes pour simplement avoir l’air digne d’elle ?”

Dieu a cessé d’incarner l’horizon de nos actions, de nos réflexions et avec lui, ce sont toutes nos valeurs traditionnelles qui ont sombré. Pour Nietzsche le nihilisme n’est pas la récusation de Dieu et de toute loi, mais une forme de haine à l’égard de la vie, se masquant à travers la fuite dans la religion ou l’idéalisme philosophique. Le nihilisme subi un retournement de sens puisque celui qui est nihiliste n’est pas celui qui est sans foi ni loi, mais au contraire celui qui est ancré dans les valeurs de la foi et de la morale. Nietzsche a annoncé que le nihilisme serait la grande maladie des sociétés modernes: la modernité ayant tendance à refuser la vie en s’écriant “A quoi bon!”

Nietzsche s’engage avec résolution et délectation dans la brèche désignée par Dostoïevski : “Si Dieu n’existe pas, tout est permis”. Mais il importe, à partir de la destruction de ces anciennes valeurs, d’en créer de nouvelles : celles de la volonté de puissance mise au service de la vie. Le nihilisme peut prendre une forme d’anarchisme; comme en Russie à la fin du XIXe siècle, toute espèce de valeur est récusé, et en particulier tout dieu et tout maître.

Pour Heidegger, le nihilisme désigne l’oubli total de la question de l’être et l’avènement d’un monde dominé par la technique.

 

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