Bruner
dit « les savoirs et les connaissances sont distribués… »,
que veut-il dire par là ? Ce que cela signifie c’est
qu’il faut aller vers autrui pour apprendre, qu’il faut
consulter des auteurs, des textes mais aussi des camarades.
L’intersubjectivité a précisément comme but de répondre
aux questions telles que : Comment arrive-t-on à se
comprendre ? Comment se comprendre par rapport aux
différences sociales, culturelles… ? Comment se
construit-on une « base commune » ? Comment
construit-on la relation à l’autre ? Qu’est-ce
qui fait qu’une compréhension commune soit nécessaire
à l’évolution de la relation ? On l’aura compris
sans autre difficulté c’est bien le concept d’ « identité »
qui nous retiendra tout au long de ce dossier...
L’identité
serait un peu à concevoir comme l’amour : En amour il y
a une idée de réciprocité, il y
a une quantité possible à recevoir et à donner (soit peu soit
beaucoup). Nous reviendrons sur les différentes manière de
décrire l'identité; mais avant cela voyons quelques autres
points...
LA
NOTION D’IDENTITE : COMMENT L’APPREHENDER ?
Identité :
notion paradoxale ? notion multiple ?
La
notion d’identité s’utilise fréquemment, mais pour dire
quoi ? Deux significations principales sont à souligner,
elles sont plus ou moins opposées l’une à l’autre :
1-
l’identité dans le sens d’une interrogation :
suis-je semblable, identique à quelque
chose/quelqu’un d’autre ? Le processus en jeu est une
sorte de "réflexion en l’autre",
une identification à l’autre.
2- l’identité comme caractère
de l’unicité : mon identité est ce qui me rend
unique, ce qui m’individualise par rapport à
l’autre.
Entre
les deux significations que nous venons de poser pour le terme
d’identité il y a une tension, un paradoxe. On considère en
effet qu’il y a une tension d’ordre dialectique entre les
deux sens à donner à l’identité. Pourtant bien que les deux
sens soient opposés ils sont pourtant inséparables,
il n’y a pas de principe d’exclusion de l’un par
l’autre. C’est un équilibre
qui doit s’établir entre les deux, un équilibre entre
d’une part ce qui me rend semblable et d’autre part ce qui
me rend unique. L’identité est donc une tension entre ces
deux pôles. Lipiansky dit
que « l’identité ne se soutient que dans cette
oscillation et qu’il importe que le paradoxe ne soit pas
rompu, sinon c’est la chute dans l’un des termes de la
contradiction… ». En bref, soit on passe dans
l’excès en ne s’identifiant plus à personne soit en
s’identifiant excessivement à un groupe et que l’on en
perd sa propre identité.
La
notion d’identité intègre un grand nombre d’autres
branches, le corpus est immense et cela en devient même un
problème (notamment dans le cadre d’un travail de recherche).
Sociologie :Touraine;
il a une approche
sociologique de la notion d’identité ; il parle de
fausse et de vraie identité, pour lui la fausse identité est
celle qui implique l’adaptation totale au rôle social. La
vraie identité serait celle qui s’arrache au travers des
luttes (º
vues sociologique de la lutte sociale).
Ethnologie :
On s’intéresse à
l’identité culturelle, à ce qui caractérise les différentes
cultures.
Bien
d’autres disciplines encore s’intéressent de près à ce
qu’est l’identité. D’ailleurs tous les jours on peut
trouver dans la presse une problématique sur l’identité
(identité suisse, le patronyme au niveau législatif…).
Au
niveau psychologique l’identité peut expliquer de nombreux
troubles. C’est par exemple les crises d’identités exposées
par E.Erikson.
D’origine
allemande Erikson a travaillé aux Etats-Unis, c’est lui qui a
introduit la notion de crise d’identité. Trouble pathologique
dont les effets sont de ne plus se « reconnaître »
soi-même, de ne plus se sentir celui/celle que l’on était
auparavant. Erikson s’est notamment intéressé à la confusion
d’identité, en particulier chez l’adolescent.
Quatre
questions principales se posent au sujet de l’identité :
-
Comment devient-on ce que l’on est ? Qu’est-ce
qui fait qu’alors que nous sommes en interaction avec les
autres nous sommes « nous » ?
-
Comment les gens se définissent
eux-mêmes ? Comment construit-on des connaissances sur
soi-même ? Que ressent-on à notre propre sujet ?
-
Qu’est-ce que les autres
pensent de moi ? Quelle valeur, quelle estime
s’octroie-t-on ? Mais aussi qu’est-ce que moi je
ressens à mon sujet (satisfaction/frustration) ?
-
Quels sont les types principaux
de stéréotypes ? Quelles sont les images que les autres
forment à notre sujet ?
Trois
postulats
En
effet l’identité se construit, elle se transforme. Certaines
caractéristiques sont données à la naissance (tel le sexe, la
couleur…), ensuite, déjà, ces caractéristiques de
naissances prennent une valeur différente suivant le lieu de la
venue au monde (º
le sens donné au sexe n’est pas le même selon les endroits
et cela va affecter l’ensemble des questions identitaires précédemment
évoquées). Le rôle change selon des dimensions spatiales
(Macro et Micro contexte) mais aussi selon des dimensions
temporelles ( la situation n’est pas la même aujourd’hui
qu’au début du siècle). Tous ces paramètres vont modifier
radicalement la dynamique identitaire, comme le feront les
divers événements (mariage, enfant, chômage…) qui nous
obligeront à retravailler notre identité, la difficulté résidant
alors dans le fait de gérer les changements en même temps que
l’identité.
L’identité
n’est pas figée, elle se construit sans
cesse. On ne peut la trouver une fois pour toute, elle
effectue un travail perpétuel de construction.
Il
existe différentes configurations de la définition de soi-même :
-
La perception que l’on a de soi-même.
-
Le concept de soi (ce dont on a conscience) n’inclue
pas la dimension affective
-
La représentation, l’image que l’on a de soi-même.
-
La présentation de soi.
La
perception de soi c’est l’image globale de ce que l’on
sait sur soi-même en transcendant les circonstances. Mais
l’individu a-t-il accès à tous les aspects de son identité ?
Freud va par exemple répondre
que non en démontrant le concept d’inconscient.
Le psychisme humain est bien un composé de conscient et
d’inconscient.
D’après
une situation concrète qu’est-ce que l’on ferait en tant
que "soi" ? Cela dépend des circonstances, et
quelles quelles soient c’est intéressant car toute conduite
est intéressante à analyser.
On ne peut pas ne pas
avoir une conduite identitaire, en effet ne pas agir c’est
aussi une manière d’être…
La
question que l’on peut alors légitimement se poser est :
ne sommes-nous pas des caractéristiques ?
On peut facilement en regardant une voiture dire quelles sont
ses caractéristiques (sa couleur, sa marque…) mais en n’étant
pas un mécanicien expérimenté je ne peux aller plus loin dans
ma définition. Ce n’est donc qu’en ayant des connaissances
sur l’objet décrit extérieurement que l’on pourra le décrire
intérieurement. Mais en est-il de même pour l’être humain
? Non, car l’être humain n’est pas un objet, il
réagit.
C’est
parce que l’humain a de la réflectivité et de l’autoréflectivité
qu’on ne peut le juger comme un objet. Si l’on insulte un être
humain il va réagir au niveau émotionnel,
ce que ne pourra jamais faire un objet…L’objet ne peut pas
changer mais l’homme peut, il peut changer l’image que les
autres se font de lui-même, il a une capacité d’initiative.
C’est
de là que viennent les troubles identitaires, l’être
humain est bien plus compliqué que l’objet ne l’est.